Il y a quelques jours Cat la Mansardienne ici lançait un biblio-jeu, parmi les questions :
Quel est le livre que vous reliriez avec plaisir ?
J'ai répondu : UN ARDENNAIS NOMME RIMBAUD de Yanny Hureaux (en précisant que Y Hureaux était un écrivain Ardennais).
Cat m'a demandé si je voulais bien faire un article pour faire découvrir cet écrivain
le voici
Yanny HUREAUX, un Ardennais
il est né en décembre 1939 d'un père Ardennais et d'une mère Flamande. Il est agrégé d'histoire, romancier et journaliste. Il fut l'ami d'André Dhotel, d'Yves Gibeau et d'Antoine Blondin.
Quand on lui demande d'écrire sur "les Ardennes de Rimbaud" , il affuble l'homme aux semelles de vent de gros sabots et reçoit de Julien Cracq une lettre de remerciements.
Portrait
Heureux à regarder le clocher, à confier des secrets aux vieux murs, à prolonger l'apéritif en écoutant les oiseaux et le murmure de l'Angélus ...
Il est à la fois muet comme les pierres ardennaises et intarissable comme la Semoy. Quand d'autres parlent fort, Yanny chuchote, pèse ses mots et son patois, sans jamais répondre aux questions
qu'on lui pose. Il commence souvent ses phrases par "à mon humble avis" et les termine, longtemps après, par "on ne sait rien ici". Il est plus facile de lui tirer un sourire qu'un vers du
nez ... comme un Ardennais. Il est de Gespunsart, le village le plus forestier des Ardennes et le plus "biau" de la "valleye". "Ici", le mot revient sans cesse. Il n'y pas 1200 habitants,
mais des âmes. C'est une principauté, une planète". Les Hureaux sont d'ici depuis 1610, l'année de la Place Ducale. Le premier, fut un archer de Charleville qui, la cinquantaine passée, y prit
femme et s'y refit une santé. Et ça n'a jamais changé. Ici, il y a les amis d'enfance, les camarades ouvriers, le souvenir de l'arrière grand-père Jules et la tribu ... "on est
ensemble, on se pose même pas le problème du bonheur" L'Ardenne l'étreint, car elle souffre et ne souffle mot "Ici c'est l'humilité, un pays pathétique marqué par le silence de la
forêt et la guerre. Pas un pays sous-développé, mais un pays sur-industrialisé. Je pourrais écrire mille livres que je n'aurai pas la réponse".
Yanny n'est pas un écrivain célèbre mais un écrivain reconnu par les siens, ce qui est bien davantage. Il collabore depuis 1970 au Journal l'Ardennais et doit son succès mérité à la Beuquette,
une chronique des Ardennes, à la fois petite trouvaille et grande invention. Pour les "barbares" comprenez les non ardennais, la Beuquette, c'est l'oeil de boeuf en schiste qui éclaire l'évier de
la cuisine et permet d'épier l'extérieur pour "savoir" et cancaner. Pour les ardennais, c'est aussi une chronique quotidienne, mélange de patois, de coup de griffes et de malice. "Le Yanny
beuque" chaque jour, il égratigne les élus et les "encyclopédants", défend les grandes causes ou les petites, et rappelle qu'il n'a jamais été censuré "c'est comme un arpent qu'il faudrait
cultivers tous les jour ... parfois, ça vient comme une envie de pisser mais c'est rare" - A 330 beuquettes l'an, il faut de la voie et de l'encre !
Pour les beuquettistes, c'est à la fois un rétroviseur, un coin de jardin, un porte voix et un cachet d'aspirine. "Je suis un parmi eux, je ne triche pas" . Comme l'autre Pierrot, l'ami Hureaux
prête sa plume. "Yauque, nem" c'est ainsi qu'il termine ... populaire l'ami, il l'assume. Touché mais jamais grisé, éreinté parfois, mais jamais coulé. Comme disait sa grande tante Julienne
: "Qu'est-ce que tu es toi, à coté d'un chêne ?" "Pour s'en souvenir, il relit souvent "Les Misérables" et "Le vieil homme et la mer", ça aide à garder les pieds sur terre. Yauque, nem
! Pour les barbares : c'est quelque chose !
D'autres livres : La Prof - La petite - La Pain de suie - La haute Chevauchée - L'éte de la Saint-Martin - Nicolas Sachy, Prince de Sedan (footballeur),
La Beuquette, Bille de chêne
et pour finir un poème d'Arthur
Bon week-end à tous